dimanche 10 mai 2020

0376 - Blues Funeral


Les dix derniers billets ne comportaient aucune ou presqu’aucune méchanceté... depuis le numéro 0365 de ce blog, je ne suis qu’amour et louanges et sucre d'orge et téquila sunrise... on va croire que je me ramollis... que je m’attendris... que d’avoir entamé la saison 2 de ce blog, m’a ôté toute hargne, toute rage, toute volonté d’y arriver... que je me crois arrivé...
Alors, vous n’allez pas être déçus. Je vais être méchant, injuste, infect. Une pourriture. Rien ne va m’arrêter. D’autant moins que je ne possède aucun disque avec un titre de Little Richard qui vient de nous quitter. Pour lui, j’aurais retenu mon fiel et ma bile un jour de plus... il le méritait vraiment... écoutez un petit Tutti Frutti pour lui rendre hommage avant de poursuivre ce billet... billet où ça va saigner... et ça va être gratuit...
Et mes attaques seront d’autant plus gratuites que j’écris ceci avant même d’avoir sélectionné un disque pour le billet du jour. Le titre provisoire de cet article est « 0376 - un disque de merde » - on ne fait pas dans la finesse aujourd’hui - je choisirai en effet le disque sur lequel baver une fois que j’aurai achevé le texte... histoire de ne pas faire de sentiment... je veux être sans pitié... ma violence sera aveugle... l’effet est certes un peu raté pour toi, lecteur, puisque tu connais déjà, au moment où tu lis ces lignes, le titre et la couverture du disque du jour... tant pis... je ne vais pas renoncer à ma mise en page.

Un disque de merde, donc, voilà tout ce qu’est le disque du jour. Tout est ignoble, indigne. Honteux.
Déjà, la pochette est immonde, de mauvais goût. Si moche qu’elle donnerait envie de remercier les ingénieurs de Philips d’avoir inventé le CD et de nous éviter d’avoir à subir ces couleurs criardes ou fadasses et cette photo ridicule en format 12’’. De la taille d’une pochette CD, ça pique (un peu) moins les yeux.
Pourquoi ai-je acheté ce disque ? La collection ? Une surdité passagère ? Une simple blague ? Je ne sais pas encore - je n’ai toujours choisi de quel disque je parlais.
Je ne sais pas non plus si le groupe était sérieux, s’il cherchait réellement à produire une immense œuvre d’art, à montrer toute l’étendue d’un fabuleux talent, lorsqu’il a enregistré cet ensemble de morceaux interminables où s’alignent, cachés sous des effets de manche laborieux et sous des dissonances si savamment étudiées qu’elles semblent toujours tomber à propos, les clichés les plus éculés (serait-ce un pléonasme ?) du rock et du roll ou s’il cherchait désespérément à faire de l’humour pour casser l’image de connards prétentieux et austères qui colle à ses membres... dans les deux cas, c’est raté. Ce n’est ni drôle ni profond. Désespérément plat et vide. En un moment : bête.
Chanter mal ne suffit pas à être punk. Noyer les guitares d’effets destinés à cacher le fait que les musiciens ne savent pas en jouer ne suffit pas à être psychédélique. Incorporer quelques beats électroniques aux percussions ne suffit pas à sonner moderne ou contemporain. Dire que le monde ne va pas bien ne suffit pas à être engagé politiquement. Dire que la voisine est belle mais semble inaccessible ne suffit pas à être romantique. Ajouter un son de clavier démodé depuis 1983 (année terrible où sortit le pousse-au-suicide Jump des affreux Van Halen) ne suffit pas à être marrant... Vouloir paraître n’a jamais suffi à être.


On a beau dire, ça fait du bien d’être un enfoiré qui balance sans nuance des saloperies à propos du travail des autres... d’autant plus de bien, que j’ai écrit des choses bien pires, avant de les effacer - j’allais un peu trop loin... tellement de bien que je n’ai même plus envie d’être méchant... plus du tout... je suis détendu, très détendu.

Contrairement à tout ce que j’ai dit précédemment, je ne vous proposerai donc pas un disque inécoutable mais un album magnifique, Blues Funeral de Mark Lanegan... et comme je ne vais pas entamer maintenant l’écriture d’un second billet dans le billet, je vais me contenter de chaudement vous recommander de le découvrir par vous-même pendant que moi, je vais l’écouter, apaisé.

Blues Funeral
Mark Lanegan
4AD 2012

01 - The Gravedigger’s Song
02 - Bleeding Muddy Water
03 - Gray Goes Black
04 - St Louis Elegy
05 - Riot in my House
06 - Ode to Sad Disco
07 - Phantasmagoria Blues
08 - Quiver Syndrome
09 - Harborview Hospital
10 - Leviathan
11 - Deep Black Vanishing Train
12 - Tiny Grain of Truth

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