Sprechgesang, vous avez dit Sprechgesang ? Ou l'art d'enchaîner les billets sur des disques qui n'ont pourtant rien à voir entre eux... c'est du boulot (d’anticipation notamment) de telles transitions... vous vous rendez pas compte.
Le Sprechgesang, une façon de mélanger la récitation (Sprech) et le chant (Gesang) propres à certaines œuvres de la seconde école viennoise et à leurs héritiers. Un demi-chant particulièrement articulé ou une récitation particulièrement outrée - selon les points de vue. Pierrot Lunaire, œuvre phare, chef d’œuvre, monument totem d’Arnold Schoenberg est l’exemple le plus représentatif du Sprechgesang.
Je ne saurai jamais si j’aime vraiment Pierrot Lunaire. J’avais en effet décidé que j’aimerais Pierrot Lunaire avant même d’en avoir entendu une seule note, une seule syllabe. Je ne me souviens plus d’où j’avais entendu parler de l’œuvre avant de l’écouter mais la description tenait de la formule magique. Envoûtement.
À quel point cet a priori positif a pu jouer dans mon amour de Pierrot Lunaire, je ne peux le dire. L’aurais-je aimé si on me l’avait fait écouté sans préambule, sans préliminaires, je ne sais. Arrangements étranges (flûte, piano, clarinette, violon et violoncelle, voilà un accompagnement bien inhabituel) pour une partition qui l’est encore plus (on cherchera en vain un bout de thème ou de mélodie) autour d’un texte franchement pas terrible (Der Wein den man mit Augen trinkt giesst nachts der Mond in Wogen nieder soit grosso modo : Le vin que l’on boit avec les yeux coule de la lune par vagues la nuit - poésie aux métaphores bien trop forcées pour être honnêtes) : tout était fait pour déplaire. Pour me déplaire. Et pourtant elle tourne ça fonctionne... admirablement.
Bon, après, il faut bien l’avouer, je n’écoute pas Pierrot Lunaire tous les jours. Déjà parce que ce n’est pas le genre d’œuvres qu’on sifflote en allant ou en rentrant du boulot (éh oh éh oh)... et aussi parce que Natacha n’a pas bénéficié d’un a priori aussi positif... j’ai senti une petite souffrance de sa part les rares fois où je lui ai passé le disque... je lui épargne certaines choses.
Pierrot Lunaire / Lied der Waldtaube / Erwartung
Arnold Schoenberg - Pierre Boulez
Sony Classical 1978/82 - 1993
01-08 - Erwartung, op. 17
09-29 - Pierrot Lunaire, op. 21
30 - Lied der Waldtaube
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