Le rock sonne mieux en anglais. Admettons. C'est en tout cas ce que j'avance et même affirme. Mais la chanson française, dans quelle langue sonne-t-elle le mieux ?
La question pourrait sembler absurde. Elle l'est. Pas tant que ça cependant si l'on considère l'étrange (ou pas) fascination des Anglais et des Ricains pour nos stars francophones Édith Piaf, Charles Aznavour ou Jacques Brel...
C'est à sa mort, il n'y a pas si longtemps, que j'ai commencé à m'intéresser à Scott Walker, baryton à la carrière étrange, débutée dans les années 60 sein d'un groupe de chanteurs pop pour minettes (oserais-je l'anachronisme boys band ?) et interrompue par le trépas alors qu'il s'adonnait à des expériences musicales assez extrêmes, notamment avec les métalleux de Sun O))).
De Scott Walker, je n'ai (pour l'instant) acheté qu'une compilation de reprises de Jacques Brel - reprises issues de ses trois ou quatre premiers albums solo - sobrement intitulée Scott Walker sings Jacques Brel. On y retrouve des standards (Amsterdam qui, d'ailleurs est déjà (en partie) une adaptation (non avouée) d'une chanson traditionnelle anglaise (Greensleeves) - la boucle est bouclée ; Mathilde ; Jacky...) du génie belge (hommage (ou pas) à l'abominable Stéphane Guy - mais ça n'a rien à voir) et d'autres morceaux moins attendus comme la plutôt douteuse The Girls and the Dogs (reprise de... Les Filles et les Chiens, au texte pas loin d'être sexiste).
Les arrangements de ces reprises sont bien meilleurs que ceux des versions originales, plus amples, plus travaillés, les morceaux y sont plus chantés moins interprétés (le travail de Brel était presque celui d'un comédien, il vivait ses textes, ajoutaient des accents, des mimiques vocales)... et quelque part, donc, un peu plus formatés : ce que ces chansons, pour certaines plus que familières en français, gagnent en netteté, elles le perdent un peu en originalité.
Mais ce n'est pas le plus gros défaut de ces reprises, par ailleurs formidables... non, le plus gros problème, ce sont les textes qui se trouvent passablement édulcorés en passant en anglais. Ne me quitte pas et son texte déchirant d'un homme à genoux, suppliant devient le plus simple, moins désespéré If you go away (si tu t'en vas). Quant au refrain ironique de La Chanson de Jacky : Beau Beau, Beau et con à la fois, il me semble perdre de son aigreur avec cute, cute, in a stupid ass way...
Bref, pour résumer la chanson française, surtout quand elle est belge, c'est mieux quand on comprend le français... oui, tout un billet pour arriver à cette conclusion...
Scott Walker sings Jacques Brel
Scott Walker
Phonogram 1990
01 - Mathilde
02 - Amsterdam
03 - Jackie
04 - My Death
05 - Next
06 - The Girls and the Dogs
07 - If you go Away
08 - Funeral Tango
09 - Sons of
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