lundi 12 octobre 2020

0531 - Deserter’s Songs


C’est par Noel Gallagher - encore lui - que j’ai entendu parler pour la première fois de Mercury Rev. Un peu plus d’un an après la sortie de Be Here Now, Oasis était en pleine expérience du retour de bâton et voyait se retourner nombre de vestes chez les critiques. Noel évoquait alors un prochain album où le mur de guitares propre à son groupe laisserait davantage de place aux claviers. Pas pour faire de la techno mais plutôt un truc à la Mercury Rev disait-il en interview... De ce point de vue (et uniquement de ce point de vue !) Standing on the Shoulder of Giants est un échec total.
Mercury Rev était alors au top des ventes outre-Manche et était le chouchou des critiques des deux côtés du Channel avec Deserter’s Songs, son quatrième ou cinquième album - à mon avis, même si je n’ai pas excessivement creusé la question, le premier qui soit vraiment écoutable, comme si un nouveau groupe était né avec cet album.

Quelques temps après avoir lu l’interview du Chief, j’empruntai l’album à la bibliothèque centrale de Strasbourg ou à la bibliothèque de la Robertsau puis, conquis, m’en achetai dans la foulée une copie à la FNAC ou au Virgin Megastore.

C’est un album étrange que Deserter’s Songs. Sombre, mélancolique, triste mais qui jamais ne mine le moral de celui qui l’écoute. C’est un disque qui peut se permettre de plagier un chant de Noël (Silent Night / Douce Nuit sur Endlessly), de sortir une ligne saxophone parmi les plus dégueulasses qui soient (Hudson Line, le seul mauvais morceau du disque), de briser son propre rythme avec trois instrumentaux complètement déglingués (I Collect Coins, The Happy End et Pick Up if you’re There), de voir apparaître au moment où on s’y attend le moins un tube imparable (Goddess on a Hiway) avant que le chanteur Jonathan Donahue ne semble changer de voix pour une conclusion pour le moins déroutante (Delta Sun Bottleneck Stomp), tout en restant impeccable, irréprochable.

Et puis, surtout, il y a Holes. Le morceau d’ouverture. Une de mes chansons préférées. Une chanson que je déteste. Simplissime. Quatre accords en boucle. Rythme peu recherché. Une seule ligne de mélodie. Sur dix syllabes, pas plus. Répétée. Encore et encore. Pas de distinction couplet / refrain. Un texte bizzarre. Qui semble ne rechercher que la rime. Au détriment de toute autre considération. Holes / Dug by little moles / Angry jealous spies / Got telephone for eyes, qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ? Comment un tel truc peut-il fonctionner ? Comment un tel truc peut-il finalement être aussi beau ? J’adore cette chanson disais-je, autant que je la déteste... une chanson qui vous ferait croire qu’écrire une chanson est facile, à la portée du premier imbécile venu - moi en l’occurrence... ce n’est malheureusement pas le cas.

Deserter's Songs
Mercury Rev
V2 1998

01 - Holes
02 - Tonite it Shows
03 - Endlessly
04 - I Collect Coins
05 - Opus 40
06 - Hudson Line
07 - The Happy End (The Drunk Room)
08 - Goddess on a Hiway
09 - The Funny Bird
10 - Pick Up if you’re There
11 - Delta Sun Bottleneck Stomp

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