Les supermarchés me donnent des envies de suicide. Il m'arrive d'avoir des crises d'angoisses et des envies d'éclater en sanglots au milieu d'une rangée frigidaires emplis d'on ne sait combien de sortes de yaourts différents. C'est quand je fais mes courses que me frappe le plus l'absurdité de la vie ou, tout du moins, de la vie telle qu'on la mène dans nos sociétés occidentales.
Au contraire, mes visites chez les disquaires auraient de plus en plus tendance à me donner des envies de meurtre...
Au contraire, mes visites chez les disquaires auraient de plus en plus tendance à me donner des envies de meurtre...
Natacha cherche de la colle pour puzzles et un agenda 2020. Je profite de notre courte visite à Gibert, rue Foch à Versailles, pour jeter un œil aux disques. Et là, dans le rayon jazz, Moanin' et Caravan d'Art Blakey and the Jazz Messengers... d'occasion... d'occasion !? d'occasion !!!! d'occasion ????
Quel est le bougre de triple idiot aux oreilles emplies d'une insondable épaisseur de cire et de merde qui a osé revendre Moanin' et Caravan ? Celui-là (je préfère penser qu'il s'agit d'une seule et même personne qui a revendu les deux disques, qu'il n'y a pas plusieurs personnes prêtes à telle connerie), s'il me tombait sous la main, sans hésiter, je le ferai clamser, ce QI de clam... Et qu'on ne vienne pas me sortir l'excuse qu'il les avait peut-être en double et que c'est la raison pour laquelle il en a revendu un exemplaire de chaque... Non, Moanin' et Caravan, en double, en triple, centuple, ça se garde. Quand on possède de tels albums, on en profite, on en jouit, on se les passe et on se les repasse et on se garde les exemplaires en double, triple ou centuple pour quand l'usure aura fait son œuvre sur la première puis sur la deuxième puis sur la quatre-vingt-dix-neuvième galette...
Moanin' et Caravan, je les ai achetés le même jour, en même temps qu'un McCoy Tyner et un Charles Mingus. Le tout pour 20 euros. L'affaire du siècle. Quelques centimes à peine plus cher que si je les avais achetés d'occasion...
Ai-je besoin de rappeler mon amour pour Caravan ? C'est presque le morceau qui m'a converti au jazz et a fait que j'achète en ce moment autant de disques de jazz que de disques de rock... Alors quand Caravan donne son nom à un album, je n'hésite pas une seule seconde. Encore moins quand Freddie Hubbard à la trompette et Wayne Shorter au saxophone sont annoncés au casting... La version ici enregistrée est tout simplement immense... aussi puissante et épique que celle jouée dans Whiplash mais avec un effectif beaucoup plus réduit ce qui permet à chaque instrumentiste de briller autant qu'il le mérite.
Si l'album est forcément dominé par le morceau titre, il ne faudrait pas pour autant ignorer les pistes qui suivent. À commencer par In the Wee Small Hours of the Morning, d'un romantisme incroyable, qui me rappelle étrangement l'atmosphère et de le son de l'album de Tony Fruscella... ou par Thermo et son swing d'enfer. C'est simple, les six morceaux sont impeccables...
Détail amusant, si on écoute le disque suffisamment fort, on entend, en fond, les musiciens (Art Blakey lui-même ?) parler, pousser des petites exclamations, chantonner (oui, comme Glenn Gould) pendant les morceaux... l'ingénieur du son a dû s'arracher les cheveux...
Bref, un album magnifique... qui ne mérite certainement pas cette horrible étiquette jaune et ce cellophane de mauvaise qualité que Gibert appose sur les secondes mains.
Caravan
Art Blakey and the Jazz Messengers
Riverside 1962 / Concord 2007
01 - Caravan
02 - Sweet 'n' Sour
03 - In the Wee Small Hours of the Morning
04 - This is for Albert
05 - Skylark
06 - Thermo
07 - Thermo (take 2)
08 - Sweet 'n' Sour (take 4)
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