dimanche 20 septembre 2020

0509 - TNT


Un journal avait été créé par des élèves du lycée Kléber quand j’étais en première. Vous vous en doutez, je n’y ai aucunement participé. La seule fois où j’ai écrit un article pour cette feuille de chou, c’était à propos des grèves lycéennes de l’époque et, au dernier moment, j’ai eu la riche idée (autrement dire : la lâcheté) de ne pas le soumettre : mon opinion vis-à-vis de cette forte mobilisation de mes camarades (je me vante de ne pas avoir raté alors une seule heure de cours) n’était pas vraiment consensuelle...
Je n’ai participé qu’à deux journaux étudiants dans ma longue (ô combien longue) scolarité. À un article du journal du collège Boecklin : j’avais essentiellement fourni des photos pour illustrer le compte-rendu du voyage de classe à Berlin. Mes photos étaient moches. Très moches - je n’ai jamais été doué pour la photo - mais j’étais un des seuls à avoir fixé sur pellicule (la photo numérique n’existait pas encore) autre chose que la trombine de mes camarades qui, eux, avaient passé leur temps à s’entre-clicher. Et à un journal en CE2. De cette espèce de journal qui connut deux ou trois numéros (manuscrits, il n’y avait donc que deux ou trois exemplaires en circulation) et dont j’avais été à l’initiative, j’étais à la fois le rédacteur en chef et l’un des seuls « journalistes ». Bref, à part une demie page laissée à un copain et une autre demie page offerte à une fille qui me plaisait (j’étais un Don Juan à 8, 9 ans), je faisais tout ou presque dans ces 4 pages. Le travail d’équipe n’a jamais été mon truc. Fin de la digression.
Je ne me rappelle pas exactement quelle était la périodicité de ce journal lycéen, je ne me souviens d’ailleurs pas non plus de son titre et je me demande ce qu’il pouvait bien contenir. Le seul article dont je me souvienne parut au printemps 2000. Un élève (que je ne connaissais pas) y faisait un bilan des 4 précédentes décennies de rock et proposait un top 10 des albums parus pour chacune d’elle. Le top 10 proposé pour les années 90 m’a étrangement beaucoup marqué, notamment le podium : un album du groupe Morphine (que j’ai écouté il y a deux ou trois ans... j’ai trouvé ça naze - il faudra que je lui redonne une chance), Adore des Smashing Pumpkins (qui n’était pas encore mon disque préféré - avec Ladies & Gents... - je pensais même que ce n’était pas le meilleur Smashing Pumpkins) et, tout en haut, TNT de Tortoise.

Un peu comme Godspeed You ! Black Emperor, Tortoise est un nom de groupe que j’ai gardé en mémoire quinze ans, attendant le moment opportun, attendant d’être prêt, avant de me lancer à l’assaut de leur discographie. La musique de Tortoise comme celle de Godspeed You ! Black Emperor est souvent cataloguée sous l’étiquette post-rock, les deux groupes étant considérés (avec Mogwaï et Slint) comme les principales références du genre.
Étrange classification que celle un peu fourre-tout de post-rock : les deux groupes n’ont que peu en commun. Là où Godspeed privilégie l’épaisseur et l’intensité, Tortoise, au contraire, choisit une fausse simplicité, très épurée et très intellectualisée, perceptible dès le premier morceau, TNT dans lequel une batterie remplit tout l’espace sans pour autant cogner en tous sens (quel son de batterie fabuleux !) avant qu’une guitare dépose délicatement un riff aussi magnifique que peu spectaculaire (l’entendre une fois, c’est l’avoir en tête à vie) qui sera répété avec peu de variations tout au long de 7’30’’ sublimes. L’album avance ainsi, hors de tout cliché, et propose une musique à la fois évidente et pourtant totalement nouvelle. Il gagne aussi, sans qu’on y prenne gare, un peu en complexité au fur et à mesure de son avancée. Pour aboutir à une sorte de musique électronique hypnotique, qui faisait peur à ma Fripouille. Sur le dernier morceau, systématiquement, elle mettait les oreilles en arrière, écarquillait les yeux et miaulait dans ma direction d’un air inquiet...
Pas un album que je mettrais dans un top des meilleurs albums rock. Plutôt un album que je conseillerais vivement à qui veut entendre une forme de beauté nouvelle.

En cherchant des références internes à mettre en lien dans cet article, je me suis aperçu que j’avais chroniqué deux fois le même disque, à six mois d’intervalle presque jour pour jour. En relisant en diagonale, je suis rassuré : je ne me contredis pas trop entre mes billets numéro 270 et numéro 451. Vexé d’avoir commis une telle erreur, je vais immédiatement écrire un article 451 bis - que je vais antidater.

TNT
Tortoise
Thrill Jockey 1998

01 - TNT
02 - Swung from the Gutters
03 - Ten-Day Interval
04 - I Set my Face to the Hillside
05 - The Equator
06 - A Simple Way to go Faster than Light that Doesn’t Work
07 - The Suspension Bridge at Iguazù Falls
08 - Four-Day Interval
09 - In Sarah, Mencken, Christ, and Beethoven There were Woman and Men
10 - Almost Always is Nearly Enough
11 - Jetty
12 - Everglade

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