dimanche 9 février 2020

0285 - Dry


Comme je le disais hier, mes voisins du dessus sont des connards égoïstes. Du genre à ne penser qu'à leur gueule et à ne pas accepter de la part des autres la moitié de ce qu'ils font eux-mêmes.
Faire une lessive ou faire tourner le sèche-linge à 23 heures passées, rentrer de vacances en pleine nuit et réveiller tout l'immeuble en foutant un bordel monstre dans l'escalier, laisser leurs enfants transformer l'appartement en gymnase ou stade d'athlétisme, marcher avec des sabots sur le plancher, tout ceci est absolument normal.
En revanche faire dix minutes de guitare électrique un dimanche soir - dimanche dernier - à 19 heures est intolérable et mérite qu'on vienne sonner à ma porte. J'étais loin d'avoir exagéré pourtant. Nous avions probablement écouté Kula Shaker en début d'après-midi. À un niveau sonore élevé mais tel qu'on arrivait encore à se parler dans la pièce où la musique était diffusée - raisonnable donc. Puis j'avais allumé le téléviseur pour regarder un peu de Premier League - à volume sonore assez bas. Quand je me suis mis à jouer, Natacha était partie depuis vingt ou trente minutes, le silence régnait dans l'appartement depuis près d'une heure.
Dix minutes, disais-je. Douze, grand maximum. Et encore, j'avais commencé en douceur, à bas volume, avec très peu de distorsion, par Cold Little Heart. J'étais ensuite passé à quelque chose d'un peu plus violent avec une version assez crade du début de Trying your Luck des Strokes. C'est quand j'ai commencé à travailler une nouvelle interprétation toute personnelle de To Bring You My Love (la chanson, extraite de l'album éponyme - dans ce cas, je crois que le mot éponyme est pertinent) de PJ Harvey, version pour laquelle j'avais besoin d'un peu de consistance sonore, que les choses se sont visiblement gâtées... je n'avais pourtant même pas commencé à chanter...

Et vous savez quoi ? Je suis rancunier... et mesquin...
Je ne leur souhaite pas, à mes voisins du dessus, que je gagne à l'Euromillions ce soir (j'écris ceci vendredi) ou tout autre soir. J'aurai alors largement de quoi payer quelques amendes pour tapage diurne voire nocturne et ils comprendront leur douleur - Natacha souffrira aussi mais elle serrera les dents, elle sait que la vengeance est à ce prix - quand j'apprendrai à (mal, très mal) jouer l'intégrale de Dry de PJ Harvey. Plus violent, plus brut, plus punk, plus crié, plus tordu, plus vif, plus énervé, plus déchirant, plus énervant, plus rugueux, plus douloureux que son successeur évoqué plus haut. Je prendrai tout mon temps avant de trouver l'appartement parfait en dernier étage à Paris et de déménager... temps que j'occuperai à faire le plus de bruit possible... avec l'aide de PJ, de Kurt, de Crispian et de tous ceux qui voudront bien me prêter assistance dans cette mission...

Dry
PJ Harvey
Too Pure 1992

01 - Oh my Lover
02 - O Stella
03 - Dress
04 - Victory
05 - Happy and Bleeding
06 - Sheela-Na-Gig
07 - Hair
08 - Joe
09 - Plants and Rags
10 - Fountain
11 - Water

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