31 décembre, l’heure des bilans - à ce qu’il paraît. Je ne sais si j’admire les particuliers - les journaleux, c’est leur job - capables d’établir une liste de leurs 50 ou 60 ou 100 albums préférés de l’année. Je ne sais si je les jalouse. Je suis plutôt dubitatif. Comment trouvent-ils le temps de connaître suffisamment bien tant de disques récents pour pouvoir les classer ? Est-ce parce qu’ils n’ont acheté aucun disque datant d’avant le 1er janvier dernier ? Y a-t-il une part de bluff ? Ne travaillent-ils pas à côté ? Aiment-ils vraiment tout ce qui est publié et tout ce qu’ils achètent ? Est-ce moi qui merde et n’arrive pas à m’organiser ? Est-ce moi qui n’aime pas grand chose ? Qui ai trop d’a priori ?
En fait, si, je suis jaloux.
Mon bilan de l’année sera bien plus modeste. Il y a eu des disques sympa, le Liam - Squire, le Kiwanuka, le Bernard Butler, le Diane Birch, des très bons, le Beth Gibbons, le Nick Cave (Wild God, pas encore de billet), le Dirty Three, des disques sur lesquels je n’ai pas d’avis définitif (y en a-t-il pour lesquels j’ai vraiment un avis définitif ?), les deux Smile, des disques sans grand intérêt, le Jon Muq, le Kula Shaker, des rééditions superbes, de John Cale (Paris 1919, billet à venir), de Junior Parker, de Nino Ferrer…
… et deux disques qui m’ont bouleversé plus que tout autre, l’un sorti en début d’année : Iechyd Da de Bill Ryder-Jones, l’autre en fin d’année : Songs of a Lost World de The Cure.
Songs of a Lost World, premier album du groupe de Robert Smith après 16 ans de silence entrecoupé de concerts de 3 heures de long, reprend les choses là où Bloodflowers les avait laissées. Et les magnifie. J’ai toujours adoré Bloodflowers. Songs of a Lost Flowers lui file un sacré coup de vieux. C’est le même disque en mieux. Les morceaux y sont aussi longs mais sans donner la sensation de s’étirer, leur durée semble naturelle. Même les quelques 6 minutes d’intro de Endsong avant que le chant ne démarre se justifient d’elles-mêmes. Le son y est plus dense, plus monumental. L’ambiance est à la fois plus sombre et plus apaisée : Songs of a Lost World (comme son titre l’indique ?) est en grande partie un album de deuil - Robert Smith a perdu ses parents et son grand frère au cours des dernières années - la mort n’y est plus une idée romantique mais un fait à regarder en face, sans bravade, avec humilité. Les textes sont superbes - quel fabuleux premier vers que « this is the end of every song that we sing ».
Et cette voix. Reconnaissable entre toutes. Et qui n’a pas vieilli. Comment fait-il ?
Et dire que deux nouveaux albums du groupe sont en préparation. Dont un qui pourrait voir le jour dès 2025.
Songs of a Lost World
The Cure
Polydor / Fiction 2024
01 - Alone
02 - And Nothing is Forever
03 - A Fragile Thing
04 - Warsong
05 - Drone : Nodrone
06 - I Can Never Say Goodbye
07 - All I Ever Am
08 - Endsong