Chez
Page et Plume, libraire limougeaude, je voulais commander
Les Lance-Flammes de Roberto Arlt, le suite des
Sept Fous. Natacha, m’attendant, a regardé le rayon Poésie, l’a trouvé bien petit. Elle espérait des anthologies bilingues de poésie anglophone.
Keats and Yeats were (not) on (her) side. Nous nous sommes ensuite rendus chez
Anecdotes, autre librairie limougeaude. Je voulais lui montrer que le rayon Poésie chez
Page et Plume n’est pas si petit que ça.
Je suis ensuite allé chez
Point Show. Sans Natacha. Elle n’aime pas m’attendre chez le disquaire. Je n’aime pas qu’elle m’attende chez le disquaire. J’avais dit à Natacha à midi qu’aujourd’hui je voulais de la musique différente. Pas de rock pop folk. Ni de jazz ou de classique. Ni de musique indienne. Quelque chose qui change vraiment. Musique africaine, pourquoi pas.
Amadou et Mariam avait-elle plaisanté. Du Tony Allen avais-je corrigé. Et pourquoi pas sud-américaine ? avait-elle essayé de se faire pardonner de sa mauvaise plaisanterie.
J’ai effectivement acheté des disques de musique d’Amérique centrale et du Sud chez Point Show. Et un disque de poésie hispanophone mise en musique. Du Neruda - Natacha m’a confisqué le recueil que je lui ai mis entre les mains il y a quelques mois, elle picore régulièrement dans La Centaine d’Amour - et du Raul Gonzalez Tuñon - dont je n’avais jamais entendu parler ; peut-être devrais-je avoir honte.
La pochette du disque est laide. Le verso est pire. Tant pis. Je mets la face A, celle consacrée au poète chilien, Paco Ibañez au chant. Je me doutais que ce ne serait pas joyeux. J’étais préparé. Je croyais être préparé. Je n’étais pas prêt. Ça me brise le coeur. En mille morceaux. Pire que ma dernière écoute de
Ne Me Quitte Pas par Nina Simone. Bien que, cette fois, je ne pleure pas. Ce ne sont pas que les textes. Les quelques mots transparents que je comprends - je ne parle pas espagnol - puis les traductions (toutes incluses dans l’intérieur de la triple pochette) sont certes bouleversants. C’est aussi l’interprétation poignante de Paco Ibañez, toute en retenue, toute en émotions. Le dernier morceau de la face, plus enlevé, à deux voix, plus optimiste, n’y suffira pas. Je n’ai pas la force d’écouter la face B, consacré au poète argentin, Juan Cedron au chant. Pas tout de suite. Je laisse passer quelques minutes, Souris ronronnant sur mon ventre. Je mets sur la platine le 45 tours bonus - que je n’avais pas encore écouté - du dernier
Suede.
Paco Ibañez chante Neruda / Cuarteto Cedron chante Raul Gonzalez Tuñon
Paco Ibañez / Cuarteto Cedron
Polydor 1977
A1 - Me Gusta Cuando Callas Porque Estas Como Ausente
A2 - Todo en to fue Naufragio
A3 - Puedo Escribir los Versos mas Tristes Esta Noche
A4 - Inclinado en las Tardes Tiro mis Tristes Redes
A5 - Te Recuerdo Como Eras en el Ultimo Otoño
A6 - Para mi Corazon Basta tu Pecho
B1 - Cancion del Prestidigitator
B2 - A la Luz de la Fogata
B3 - Milonga de la Ganzua
B4 - Eche 20 Centavos en la Ranura
B5 - La Calle del Agujero en la Media
B6 - Polka de la Tarjeta de Carton