On s’est préparé à ce nouveau confinement. On devine qu’il sera long. Plus long que les quatre semaines annoncées. Je pense aussi que les collèges ne resteront ouverts jusqu’aux vacances de Noël. Il va falloir être équipés pour le télétravail.
Première chose, on a changé le canapé - c’est pour la partie télé. Trop mal au dos et au cul sur le futon qui s’effondrait chaque jour un peu plus. Il est arrivé ce matin. C’est encore pour l’instant un carton qui trône au milieu du salon. Souris le trouve confortable. On espère que ce sera notre cas aussi. Une fois déballé.
Deuxièmement, on a acheté un second ordinateur - c’est pour la partie travail. Un portable, le fixe commence à montrer des signes de fatigue. Dix ans, même pour un Mac, ça commence à faire long. En croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas de problèmes de livraison. On l’attend pour mi-novembre. On a été obligés de le commander.
Mauvaise surprise, en effet, hier midi, pendant la pause déjeuner de Natacha, quand nous nous sommes rendus à l’Apple Store (beurk) de Parly 2 (méga-beurk) : on ne peut rentrer que sur rendez-vous. ON DOIT PRENDRE RDV POUR CLAQUER DU POGNON. Étrangement l’écrire en capitales et en gras ne rend pas la chose moins absurde. Nous nous sommes donc rendus à la Fédération Nationale d’Achats des Cadres - qui, contrairement à ce que son nom indique ne vend ni Marie-Louise ni Passe-Partout - pour zyeuter les MacBook Air (à ne pas confondre avec leurs cousins Jordan et Nike - bof, pas terrible comme blague). Ils n’avaient pas le modèle que nous voulions. Plus de RAM ! Plus de puissance dans le processeur ! Plus de ! Plus de ! Que diable ! On veut que ça booste, merde ! Bref, on allait repartir bredouilles.
Broucouilles ? Hors de question ! On n’est pas venu jusqu’à cette antre diabolique qu’est le centre commercial Westfield (nom de merde) Parly 2 (re-nom de merde), on n’a pas tourné pendant vingt minutes dans tout ce putain de labyrinthe qu’est le putain de parking de ce putain de centre commercial de merde pour repartir avec seulement deux paires de gants fins (pour aller courir par temps frais) de chez ce putain de Décathlon (tiliti titi tiliti titi - mon cul).
Alors, toujours chez l’époux de
Darty, j’ai regardé les platines. CD. Et Vinyles. Car les deux nôtres sont bien essoufflées. Elles ont quinze ans, faut dire. Chacune ! Que choisir ? Quel modèle ? J’étais perdu. Aucune idée. Aucune piste. Aucun indice. Pas même possible, l’appel à un ami... Natacha n’en sait en la matière pas plus que moi. Quant à solliciter les conseils d’un vendeur du rayon aïe-faille... autant demander des
conseils littérature chez
Gibert... si c’est pour qu’on me refile le dernier Joël Dicker (ce n’est pas une attaque contre l’auteur, je n’ai pas grand chose contre lui... enfin, si... mais non, presque rien... disons-même rien... sauf... mais c’est pas vraiment lui... enfin... quand même... mais non, rien), j’aurais pu le trouver moi-même.
Je me suis donc rabattu sur les rayons disques - le sacrifice ne fut pas immense. J’en ai acheté deux. Un vinyle. Un CD. Enfin, deux. C’est un double album. Sur deux CD, donc. Bitches Brew de Miles Davis. Je connaissais le nom de l’album depuis un bon moment. Il ne m’attirait guère ce titre. Vulgaire, ce titre, non ? Je n’aime pas la vulgarité en musique. Pas plus qu’en littérature. Ou en art. Au cinéma, à la rigueur. Je n’aime vraiment la vulgarité que lorsque j’en suis l’auteur.
Et je me méfie toujours un peu avec Miles.
Tutu, que j’avais emprunté à la médiathèque de Versailles, était horripilant. Et
l’enregistrement en concert que j’avais acheté à Francfort m’ennuie presque toujours autant. Alors, certes, il y a
Kind of Blue, il y a
Sketches of Spain, il y a
In a Silent Way...
Justement... j’ai récemment lu dans un de ces abominables livres-catalogues du type Les 500 albums à posséder absolument dans sa discothèque avant 50 ans sous peine de rater sa vie (pourquoi est-ce que je m’inflige le feuilletage de ce genre de torchon ?) que Bitches Brew était la suite logique de In a Silent Way, une sorte de développement naturel de la musique de In a Silent Way. Voilà qui ne pouvait que me donner envie. Non disponible lors de ma dernière visite à la médiathèque de Versailles. J’ai d’ailleurs, soi dit en passant, de plus en plus de mal à faire le plein de 15 disques empruntés, je me suis contenté d’en prendre 6 ou 7, huit peut-être. J’avais hésité chez Gibert - j’avais besoin de médium à peindre - en vinyle, une semaine plus tôt : un peu cher. Cette fois-ci, à 12 euros, j’ai sauté le pas.
Je l’ai écouté ce matin, entre 8h00 et 9h30. En attendant la livraison du canapé. Donner un jugement ou même un avis sur un album d’une telle ampleur après une seule écoute serait totalement idiot. Ça tombe bien, j’admire Dostoïevski - celui qui ne l’admire pas est un imbécile. On retrouve effectivement sur Bitches Brew les intentions de In a Silent Way. Longs morceaux, souples, serpentins. Guitares et claviers magnifiques. Trompette posée sur cet écrin avec délicatesse mais sans chichis. Différence notable avec In a Silent Way : on a ici l’impression d’assister à une authentique jam-session, il n’y a pas le côté artificiel de In a Silent Way, on ne ressent pas l’effort de montage des morceaux à partir d’éléments disparates... et moi, je l’aime beaucoup ce côté artificiel de In a Silent Way. Bitches Brew a l’air excellent mais pour qu’il remplace son grand frère dans la playlist de mon téléphone, il manque peut-être quelque chose.
Bitches Brew
Miles Davis
Columbia 1970 / 1999
CD1
01 - Pharaoh’s Dance
02 - Bitches Brew
CD2
01 - Spanish Key
02 - John McLaughlin
03 - Miles Runs the Voodoo Down
04 - Sanctuary
05 - Feio