Ce n’est une secret pour personne, mon boulot me pèse. Vraiment. Je (sur)vis avec, grâce à, l’idée de m’arrêter en juin. En me disant qu’en septembre, je ne serai plus prof. Ou alors dans un tout autre environnement. Pas au collège et dans un endroit le plus possible éloigné de Versailles. Il me sera très difficile de repartir pour une autre année scolaire si je dois m’y résoudre en septembre prochain - oui, j’anticipe probablement un peu trop.
J’ai besoin de changer d’environnement professionnel. J’en suis à ma cinquième année à Rameau. Je n’avais jusqu’alors jamais passé autant de temps au même endroit. Et prof n’a jamais été un métier que j’ai rêvé d’exercer. Loin de là. En même temps, y a-t-il un métier que j’ai rêvé d’exercer ? Oui, écrivain. Est-ce un métier ?
Ce n’est pas parce que j’en ai assez qu’il faudrait en conclure Rameau n’est pas un bon endroit. Bien au contraire, je suis même persuadé qu’il existe peu d’établissements en France où il est plus agréable d’être prof qu’à Rameau. J’y ai passé d’excellents moments. Et j’y passe encore de bons moments même si j’y passe le moins de temps possible, même si je m’éclipse dès que possible.
Mon moment préféré cette année est le vendredi de onze heures quinze à midi dix. Non pas que ce soit l’heure où débute mon week-end, il ne commence que deux heures plus tard. Non, à 11h15, je dispose d’une heure de pause, de « repos » avant d’attaquer la pire séance de toute la semaine, l’heure d’AP des 4°5. C’est aussi l’heure à laquelle Cécile termine sa semaine de cours.
Je ne parle pas de Cécile, ma belle-sœur. Ni de Cécile ma fille - je n’ai pas de disque de Nougaro : il va falloir que je remédie à ce manque. Non, Cécile est une collègue prof de maths. Elle fut ma tutrice quand je débutais en tant que prof, il y a quatre ans. Elle est aujourd’hui une amie et une sorte de grande sœur au collège - du moins, je la considère comme telle.
Cécile, donc, termine sa semaine quand il ne me reste qu’une heure à assurer, après une heure de pause. Et Cécile souvent reste à « traîner » pendant cette heure et nous pouvons discuter de tout et de rien, débarrassés des conversations obligatoires à propos des cours que nous donnons et des élèves que nous subissons. On parle cuisine, musique, cinéma. Chats, aussi. Cette après-midi, par exemple, elle m’a longuement parlé de son amour pour Woodkid, un musicien qui donne dans une sorte de show électro total et que je ne connaissais quasiment que de nom.
La semaine précédente, il y a 8 jours, on avait parlé cinéma. Je lui disais (entre autres) qu’il y avait des acteurs et des réalisateurs que je ne pouvais plus supporter et que, rétrospectivement, je n’arrivais même plus à regarder leurs plus anciens films qui pourtant, à l’époque, m’avaient plu. Le nom de Scarlett Johansson, entre autres, est sorti.
J’ai adoré
Lost in Translation, il y a 15 ou 17 ans quand je l’ai vu pour
la les premières fois. Presqu’autant que j’avais aimé
Virgin Suicides... non, il ne faut pas exagérer. Mon aversion plus récente pour Sofia Coppola (c’était vraiment très très chiant
Les Proies, non ? et les dix premières minutes de
Somewhere ne m’ont pas du tout donné envie d’aller voir plus loin...) et plus encore pour la Scarlett m’empêche de revoir le film. Malgré l’excellentissime Bill Murray.
En musique aussi, un ou deux mauvais albums de la part d’un groupe peuvent me dégoûter de toute leur discographie, même des
albums que j’ai adorés à une époque. En revanche, il faudra un peu plus que deux trois mauvais films pour que j’arrête d’écouter Kevin Shields (
leader de
My Bloody Valentine) ou les
Jesus & Mary Chain, réunis sur ce 45 tours (acheté, si je me souviens bien au (feu)
Virgin Megastore des Champs-Élysées) comportant deux morceaux issus de la bande originale de
Lost in Translation.
Lost in Translation
2007
A - City Girl (Kevin Shields)
B - Just Like Honey (The Jesus & Mary Chain)