J’avais décidé d’aller à la bibliothèque ce mercredi matin. Me prendre ma quinzaine de CD à écouter et découvrir. Plutôt que d’aller faire un tour de vélo. La météo annonçait de la pluie. Elle n’est pas venue. Il faisait même un temps idéal pour le vélo. Sec et frais. Sans qu’il fasse vraiment froid.
Ça fait longtemps que je ne suis pas allé à la bibliothèque. Plus d’un an. La crise sanitaire liberticide a eu sur moi des conséquences étranges. Perdu de l’entrain pour les musées et pour la médiathèque. J’essaie tant bien que mal de reconquérir ma vie d’avant.
J’avais la veille au soir vérifié les informations pratiques sur le site internet des bibliothèques de Versailles. Ce serait ouvert en fin de matinée, je pourrais y aller après mes cours - je termine à 10h05 le mercredi matin, 10h20 le temps de mettre les élèves à la porte, de réunir mon bazar étalé sur le bureau et de passer à mon casier en salle des profs - du moins c’est ce que j’avais lu. Peut-être n’avais-je pas lu jusqu’au bout. Ou alors le site internet n’est pas à jour. Toujours est-il que la médiathèque est fermée. Et ce, jusqu’au 9 juin. Déménagement dans un autre bâtiment. C’est ce dont une affiche scotchée sur la porte close de la médiathèque m’a informé.
Bredouille ? C’est mal me connaître. Sur le chemin du retour entre la bibliothèque centrale et mon domicile, il y a Gibert. J’avais toujours mon disque de musique indienne de samedi en tête… Pourquoi ne l’avais-je pas acheté samedi ? Deux raisons. Deux présences.
La première, celle de Natacha. Je n’aime pas avoir l’impression qu’on m’attend. Avant de l’acheter, ce disque, j’aurais hésité, réfléchi, fait cinquante fois le tour des bacs, regardé tout le reste. Natacha m’aurait attendu. Sans broncher ni manifester de signe d’impatience. Mais je n’aurais pas pu m’empêcher de me dire qu’elle s’ennuyait ferme pendant que moi, je m’amusais…
La seconde, celle du gérant de Décibul. Il était à Gibert lui aussi cette après-midi là. Il discutait avec le vendeur du rayon d’un important (et fantastique) lot de musique indienne que ce dernier venait d’acheter à un client et qu’il était en train d’écouter et d’étiqueter - et dont faisait partie le disque qui résonnait dans les haut-parleurs. Il m’a vu, je l’ai vu, nous nous sommes salués… mais j’ai été gêné, perturbé. Je n’imaginais pas le croiser ici, chez la concurrence - qui, visiblement, n’en est pas vraiment une. Pire, j’avais l’impression d’être surpris en plein adultère… je suis parfois un peu beaucoup con.
Retour à Gibert, donc, ce mercredi matin vers 11h. Miracle, un disque passe quand j’arrive. Une voix incroyable sur fond de musique indienne. Est-ce le même disque que samedi ? Possible. Peut-être pas. Je ne suis plus sûr. Je ne crois pas que ça sonnait comme ça. Je l’ai tellement fantasmé ce disque depuis ce week-end. Déformé dans mon esprit, à force de l’y faire tourner. Peu importe. Là encore, c’est merveilleux. Aussitôt que le vendeur le retire de la platine - il met à la place un disque de musique africaine - y appose un sticker Coup de Coeur, une étiquette 10 euros et le met en rayon, je m’en saisis. Le disque sera resté moins longtemps dans les bacs que Be Here Now (lien ne fonctionnant qu’à partir du 21 août prochain).
En attendant, j’ai fait le tour du magasin. Me suis trouvé deux trois trucs sympas. En particulier dans le fameux lot de vinyles de musique indienne… si je ne m’étais pas raisonné... une trentaine de disques à 10 / 12 euros pièce comme autant de tentations... je me suis surtout choisi un autre Coup de Coeur du vendeur au titre merveilleux Nectar of the Moon… le premier des disques achetés que j’ai écouté en rentrant. 40 minutes de raga emplies d’une énergie comme j’en ai rarement perçue dans un disque de musique indienne. Ça n’a pas totalement plu à Souris… il faudra qu’elle s’y fasse car ça donne envie d’en acheter d’autres.
Nectar of the Moon - Vichitra Vina Music of the Northern India
Dr. Lalmani Misra
Nonesuch 1981
A - Raga Ananda Bhairava
B1 - Raga Multani
B2 - Dhun in Raga Ananda Bhairava